Présentation
La Révolution constitue une « passion française » par excellence, inscrite au cœur du roman national et cristallisant la plupart de ses grands partages idéologiques et politiques. En elle, on ne saurait dissocier les lieux d’affrontements historiographiques et de concurrences mémorielles, de ses mythes et images qui, élaborées depuis deux siècles par la littérature, les arts, et toutes les formes de discours médiatique, ne cessent d’en modifier la place et les enjeux dans l’espace public. Les grandes commémorations ont contribué à raviver la conflictualité interprétative, mais le Bicentenaire a aussi illustré de manière exemplaire la dynamique de construction d’un imaginaire par hybridations et recyclages, où jouèrent notamment ensemble univers plastique de la publicité et symbolique politique de la fête révolutionnaire.
Il semble que nous soyons aujourd’hui toujours pris entre les deux pôles de la guerre idéologique et de l’investissement par des imaginaires médiatiques de la Révolution, qui tendent à prendre leur autonomie par rapport à cette guerre, ainsi que l’a illustré un récent débat autour de l’épisode du jeu vidéo Assassin’s Creed situé dans le contexte du Paris révolutionnaire. On prend acte d’une résurgence tous azimuts qui, avec le succès (désormais mondial) du spectacle de Joël Pommerat, Ça ira (1). Fin de Louis, (2015), interroge aussi l’amer constat que pouvait faire, cinq ans plus tôt, un Michel Vovelle dans sa préface en forme de bilan du collectif dirigé par Michel Biard, dont le titre était plutôt encourageant (La Révolution française. Une histoire toujours vivante, Paris, Taillandier, 2015): «l’héritage est banalisé, la mémoire se perd, chez les politiques, dans l’enseignement, dans l’oubli des références symboliques, la Marseillaise et la Marianne.» Entre ce lamento et la ferveur suscitée, sur le mode d’une passion renouvelée du politique, par les quatre heures du spectacle de Pommerat, comment situer et évaluer les présences protéiformes de la Révolution?
Le séminaire se propose d’interroger la diversité des mémoires, retours et fantasmes de la Révolution dans une modernité qu’elle a elle-même ouverte, en s’attachant autant à des objets anciens qu’aux manifestations les plus contemporaines. Il explore ainsi l’actualité de la recherche littéraire sur la Révolution française, en lien avec d’autres champs disciplinaires.
Programme des séances
25 novembre 2016 – La Révolution transportée (Invité: Olivier Ritz). Autour du livre d’Olivier Ritz, Les Métaphores naturelles dans le débat sur la Révolution, Paris, Classiques Garnier, 2016. Discutante : Paule Petitier
3 février 2017 – La Révolution au féminin : scènes du politique (Invités: Éliane Viennot et Martial Poirson). Autour du livre d’Éliane Viennot, Et la modernité fut masculine (1789-1804), Paris, Perrin, 2016 et de l’exposition Amazones de la Révolution. Des femmes dans la tourmente de 1789 (5 novembre 2016-19 février 2017), sous le commissariat de Martial Poirson.
Mars : séance doctorale (date à confirmer). Présentation de travaux d’étudiants
28 avril 2017 – Les « mauvais genres » de la Révolution (Invités : Jean-Clément Martin et Marianne Acqua). Pamphlet, caricature, polar, jeu vidéo, spectacle musical, BD… La séance proposera une série de courtes présentations sur un objet spécifique et ses enjeux, offertes à la discussion collégiale.
2 juin 2017 – Révolution et tournant de siècle : Mélancolies (Invités : Philip Knee et Stéphanie Genand). Autour du livre de Philip Knee, L’Expérience de la perte autour du moment 1800, Oxford, VF, 2014 ; et à l’occasion de la publication du livre de Stéphanie Genand, La Chambre noire. Germaine de Staël et la pensée du négatif, Genève, Droz, 2017.
Centre de ressources Jacques-Seebacher
IMAREV 18-21Les séances ont lieu le vendredi, de 14h à 16h, à la bibliothèque Jacques-Seebacher.
Université Paris-Diderot
5 rue Thomas Mann – 75013 Paris
Grands Moulins – Bât A – 2e étage
RER C et Ligne 14: Bibliothèque François-Mitterrand