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Appel à communication : Colloque Au croisement du politique et du militaire : décider en guerre, des campagnes de Louis XIV à l’âge des Révolutions.

Appel à communication
Colloque Au croisement du politique et du militaire : décider en guerre, des campagnes
de Louis XIV à l’âge des Révolutions.
Résumé :
La prise de décision constitue, au sein d’un conflit, un jalon essentiel où l’imbrication
entre politique et militaire est sensible. Ce processus met en lumière l’interaction entre
différents acteurs et ce, à plusieurs échelles d’analyse de la guerre : stratégique, opérationnelle
et tactique. L’enjeu de ce colloque est d’englober l’ensemble de la période allant des campagnes
de Louis XIV jusqu’à l’âge des Révolutions, dans le but de faire dialoguer des historiographies
qui restent temporellement cloisonnées. En effet, on observe une évolution du rapport entre les
instances politiques et la conduite de la guerre dans la seconde modernité. Celle-ci se pose avec
une particulière acuité pendant la Révolution française. La tension entre politique et militaire
se joue, d’une part, dans le saisissement de la direction des opérations par des civils, et d’autre
part, à travers les tentatives de subordination du pouvoir politique par les militaires. Il s’agit ici
d’étudier aussi bien les modalités de la prise de décision que son exécution et ses formes
d’application.
Le Service historique de la Défense, l’IHMC (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
et le GRHis (Université Rouen Normandie), la Société des études robespierristes, organisent
les 24 et 25 novembre 2022 au château de Vincennes un colloque international intitulé « Au
croisement du politique et du militaire : décider en guerre, des campagnes de Louis XIV à l’âge
des révolutions ».
Argumentaire :
Bien avant les guerres révolutionnaires, l’imbrication entre politique et militaire est déjà
perceptible dans la prise de décision. Celle-ci désigne un moment paroxystique qui donne à voir
une variété d’interactions, depuis les cercles du pouvoir jusqu’aux commandants d’unité. Cette
interaction peut s’exprimer aux différentes échelles d’analyse de la guerre, qu’elles soient
stratégique, opérationnelle ou tactique. À cet égard, l’intromission du politique dans le militaire
se constate à diverses occasions, aussi bien à travers l’exécution de l’amiral britannique Byng
après la bataille navale de Minorque en 1756, que dans la conduite de la campagne des Flandres
de 1794 par la République. Force est d’admettre un jeu d’influence entre les deux sphères, qui
se décline depuis le saisissement de la direction des opérations par des civils à l’instar des
comités de gouvernement durant la Révolution française jusqu’aux tentatives de subordination
du pouvoir politique par les militaires. En effet, le poids public de la noblesse militaire sous
l’Ancien Régime, la définition de l’état de siège en 1791, ou la crainte exacerbée du césarisme
des généraux sous le Directoire mettent en lumière l’importance des spécialistes de la guerre
dans la dimension politique de la prise de décision.
Or, si parmi les renouvellements à l’œuvre dans l’étude du fait guerrier, la place
accordée au rapport entretenu entre politique et militaire a bénéficié d’un certain regain
d’intérêt, l’historiographie reste cloisonnée, notamment temporellement. Ce colloque se
propose donc d’interroger sur un temps plus long les évolutions de la prise de décision militaire.
Dès les guerres de Louis XIV, les bureaux de Versailles tendent progressivement à peser sur la
conduite de la guerre, comme a pu le montrer l’étude récente de Jean-Philippe Cénat sur
Chamlay. Cette tension entre politique et militaire traverse le XVIIIe siècle et trouve son apogée
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avec l’idée de nation en armes et de souveraineté populaire. L’irruption du politique durant les
guerres de la Révolution française a été questionnée à l’échelle tactique par John Lynn, à
l’échelle opérationnelle par Michel Biard avec son ouvrage Missionnaires de la République, et
dans les ports avec William Cormack (Revolution and Political Conflict in the French Navy
1789–1794). Enfin, avec le règne de Napoléon on aboutit à l’identification complète des
registres militaires et politiques ce qui n’est pas sans inspirer notamment les acteurs des
indépendances américaines.
Axes :
– La décision militaire à l’épreuve de l’espace et du temps. La dilatation de l’espace
des guerres durant la seconde modernité, avec un aspect mondial des conflits bien
marqué dès la guerre de Sept Ans, est un fait nettement établi par l’historiographie.
Néanmoins, l’étude des pratiques concrètes de prise de décisions militaires n’ont pas
toujours intégré ce renouvellement. Il importe de penser comment l’articulation de
champs de bataille distants les uns des autres est envisagée par les acteurs, tout comme
la gestion de la réception de l’information, selon des temporalités différentes en fonction
des continents et des océans impliqués. Le décloisonnement des études sur la seconde
modernité et l’âge des Révolutions est susceptible d’être fructueux, le souci d’une
histoire du fait guerrier à l’échelle mondiale disparaissant parfois dans l’historiographie
des conflits de la Révolution et de l’Empire, en tout cas en ce qui concerne les
publications en langue française.
– Concevoir, débattre et arrêter la décision militaire. Entre le règne de Louis XIV et
l’âge des Révolutions, les modalités de la prise de décision militaire ont évolué de
manière significative. Mais depuis le cœur des bureaux de Versailles au Comité de salut
public, la direction des opérations a toujours été un facteur de débats. Avec la création
du Dépôt de la guerre notamment, l’État s’assure une forme de continuité dans la
connaissance des campagnes militaires précédentes et des divers théâtres d’opérations.
Seuls les acteurs et leurs motivations ont changé, du roi et ses ministres aux députés de
la Convention. D’un régime à un autre, il est donc nécessaire ici d’analyser le processus
de la prise de décision militaire, de son élaboration à ceux qui en ordonnent l’exécution,
et de vérifier si, d’une manière ou d’une autre, les changements de concepts politiques
ont influé sur ce processus.
– Surveiller et contrôler l’application de la décision militaire. La période de la seconde
modernité en Europe voit la forte croissance des effectifs des armées. Celles-ci doivent
être gérées par des appareils administratifs toujours plus complexes et minutieux. Ainsi,
si le contrôle de l’État sur son armée s’est fortement accru, en est-il de même pour la
direction stratégique, opérationnelle et tactique ? La question se pose d’autant plus dans
la période qui nous intéresse. En effet, on assiste à la fin de la présence des souverains
sur les champs de bataille et la naissance de la « guerre de cabinet », mais aussi, avec
l’âge des Révolutions, au souci d’une véritable soumission de l’appareil militaire à des
régimes politiques nouveaux. L’objectif ici est donc d’analyser les différentes modalités
de contrôle des États sur la direction de la guerre, du système militaire installé par Louis
XIV aux représentants en mission de la Révolution française.
– Pratiques transactionnelles et confrontation avec l’ennemi : la prise de décision à
l’échelle tactique. Les guerres de la période moderne donnent lieu à de multiples
rencontres entre belligérants dans une perspective d’économie de moyens. Présentant
des formes de régulation de la violence, ces pratiques, qui tendent à se normaliser, ne
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mettent pas moins en tension des antagonistes défendant des intérêts parfois, voire
souvent, irréconciliables. Il s’agit ici de percevoir les décisions anticipant et pouvant
résulter de ces moments d’échange et de tractation, entre tentatives pour épargner du
sang et des ressources, recours aux menaces plus verbales que physiques, et
confrontation des régimes politiques. À cet égard, la reddition honorable constitue, à
partir du XVIe siècle et pour le dénouement des sièges, un de ces usages négociés. De
même, les cessez-le-feu ou les échanges de prisonniers sur le champ de bataille peuvent
être perçu comme autant de moments entre dialogue et défiance où la prise de décision
s’avère cruciale.
Modalités de soumission :
Les propositions de communication doivent être soumises au format PDF avant le 22 mai 2022,
comprenant une présentation de la communication de 3000 signes maximum (espaces inclus),
accompagnée d’une brève présentation personnelle (nom et prénom, unité de recherche,
rattachement administratif).
Les propositions sont à envoyer à l’adresse suivante : deciderenguerre@gmail.com
Réponse aux auteurs le 26 juin 2022.
Comité d’organisation :
ARANDA Olivier, doctorant, IHMC, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne.
BARBARAY Côme, doctorant, GRHis, Université de Rouen Normandie.
BARRIER Valentin, doctorant, IHMC, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne/Ministère des
Armées.
Comité Scientifique :
BIARD Michel, professeur, GRHis, Université de Rouen Normandie.
DREVILLON Hervé, professeur, IHMC, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne.
GAINOT Bernard, maître de conférences honoraire, Université Paris 1-Panthéon-Sorbonne