La Société des Observateurs de l’homme (1799-1804), en dépit de son existence éphémère, constitue un témoignage essentiel autour de la fameuse « transition » des savoirs entre les XVIIIe et XIXe siècles.
Autour d’un projet scientifique particulièrement ambitieux, la construction d’une science générale de l’homme, les membres de cette société mettent progressivement en place les fondements théoriques et institutionnels d’un nouveau domaine de savoir qu’ils définissent sous le nom d’anthropolgie. Bénéficiant de la reconnaissance des plus hautes personnalités politiques et scientifiques de l’époque, ces premiers anthropologues prennent une part très active dans les débats, souvent polémiques, qui touchent à la définition de la nature humaine, et participent aux plus grands chantiers scientifiques du Consulat: l’observation du jeune enfant sauvage de l’Aveyron; la rédaction des instructions de voyage destinées aux membres de l’expédition maritime du capitaine Baudin.
Accueillant des anatomistes, des hygiénistes, des antiquaires, des linguistes, des pédagogues…, la Société des Observateurs de l’homme s’impose comme un véritable laboratoire d’idées où viennes se cristalliser les interrogations anthropologiques, cette approche renouvelle en profondeur l’histoire de la Société des Observateurs de l’homme tout en faisant largement écho aux luttes intellectuelles, mais aussi politiques et religieuses, qui traversent la période consulaire. Cette relecture ouvre de nouvelles perspectives à une plus large connaissance de la vie scientifique des années 1800.
Il faudra désormais placer les Observateurs et leurs activités aux côtés de l’Institut nationale et des Idéologues, au risque d’ignorer une étape essentielle dans l’histoire des productions et des pratiques intellectuelles de la Révolution française.