Textes

Population, droit de vote et votes constituants. Compilation de données pour 553 districts d’époque révolutionnaire

Les données proposées ici sont celles qui ont sous-tendu aussi bien ma thèse que d’autres travaux. C’est la documentation de base d’où j’ai tiré diverses exploitations statistiques et cartographiques mais son utilisation peut intéresser bien d’autres recherches. Ces données sont présentées sous la forme exacte que mes notes ont prise en archives, sur un tableau standard pour chaque district, réalisé initialement en 1993 sous le logiciel Lotus et transféré ensuite sous Excel.

Il s’agit de données sur la population et le droit de vote, ainsi que sur les deux votes populaires directs organisés pour l’adoption ou le rejet des Constitutions de 1793 et 1795. C’est donc l’équivalent d’un très gros « carnet de notes » tenu sur plusieurs années (1992-1998). Ces notes sont nécessairement un peu brouillonnes puisque, n’ayant évidemment pas tout prévu, j’ai dû insérer dans les tableaux standards des informations pour lesquelles ils n’avaient pas été conçus. Certaines règles ont néanmoins pu être respectées. Les tableaux présentés pour chaque district donnent des informations jusqu’au niveau des cantons, sans descendre plus bas vers les communes. On y a d’ailleurs gommé toute trace des élaborations de ces chiffres des cantons et des calculs intermédiaires réalisés [On trouvera dans la thèse, au chapitre 1/2/2, une longue explicitation des choix des niveaux administratifs, de la collecte et du traitement des données].
Monument destiné à l'exercice de la Souveraineté du Peuple en Assemblées primaires (Jean-Jacques Lequeu)

Monument destiné à l’exercice de la Souveraineté du Peuple en Assemblées primaires (Jean-Jacques Lequeu)

Chaque tableau de district est présenté sous cette forme standard, y compris ceux de Chambéry, Grenoble, La Tour-du-Pin et Vienne, dont les données avaient été collectées sur un format plus ample, nécessaire à ces vastes districts aux nombreux cantons, caractéristiques de la modernité déjà indéniable des conceptions administratives ayant cours en Isère. Dans les cas particuliers de Paris, Lyon et Marseille, villes pour lesquelles mes sources n’amènent par ailleurs rien de très original au-delà de ce qui avait déjà été publié, je me suis contenté de résumer les connaissances et les hypothèses admissibles, sans entrer dans le découpage en sections de l’intra-muros. J’ai logiquement, dans tous les autres cas, cherché à distinguer pour les chefs-lieux ou villes d’une certaine importance les agglomérations et leur plat-pays, tâche qu’on sait ingrate et toujours insatisfaisante. Mais, pour la quasi totalité du territoire, les tableaux donnent cependant des données qui sont bien cantonales. J’ai renoncé à présenter des tableaux agrégés par département, groupe de départements ou pour le pays entier, qui ont pourtant été indispensables aux calculs d’ensemble et surtout à la réalisation des cartes. Chacun de ces tableaux agrégés posait, en plus de sa grande taille, des problèmes de choix des données à apparier, aussi bien au plan « vertical » (compatibilité du découpage des districts) qu’au plan « horizontal » (compatibilité chronologique), qu’il a fallu arbitrer au cas par cas sur ces vastes documents, en réalisant des regroupements pour la cartographie. La présentation de ces tableaux agrégés, trop complexes, me semble avantageusement remplacée par la cartographie qui en a résulté, accessible dans la thèse et en partie dans le livre déjà publié. A mon avis, chaque utilisateur désireux de traiter à nouveau les données dans leur ensemble devra faire l’effort de les trier / évaluer / assembler en fonction de ses propres exigences. Les tableaux confectionnés pour l’immense majorité des districts cherchent à chaque fois à rendre l’information continue et visent chacun à rendre possible une exploitation directe. Je suppose en effet que c’est à ce niveau que mon travail sera le plus utile comme point de départ commode pour d’autres recherches. Le « carnet de notes » électronique tel qu’il est présenté, avec l’insertion systématique des cotes d’archives, donne en effet accès à plusieurs fonds historiques, et d’abord à une ancienne et vaste collection jadis unifiée : le fond du comité de division de la Convention nationale, lui-même héritier des papiers de la section de division du comité de constitution de la Constituante et d’autres documentations réquisitionnées en 1793. Ce fond est aujourd’hui réparti entre plusieurs sous séries d’archives. On trouvera dans Démographes et démocrates une histoire du rassemblement de ces papiers puis de leur dispersion ultérieure entre des séries différentes. Mes tableaux présentent donc l’avantage de réunir et de confronter entre elles ces données, ainsi qu’avec d’autres recensions de la population et du droit de vote, puis enfin avec les chiffres issus des archives des votes de 1793 et 1795. Le plus important est que l’indication des cotes permet de retourner aux différentes localisations dans les séries d’archives actuelles, tout en donnant idée des contenus les uns en regard des autres. Le recours à la consultation directe, qui interdit désormais de confronter les documents entre eux, pourra donc se faire en meilleure connaissance de cause. J’ai signalé la limite évidente de cette mise à disposition : l’absence de relevé des chiffres communaux eux-mêmes, un travail qui aurait été encore plus considérable, en particulier en l’absence d’une bonne liste de référence d’époque. Ce recueil reste donc à faire, y compris en critiquant mes données cantonales, en corrigeant mes erreurs et en donnant une attention plus grande aux situations locales. Pour ce faire, une approche de la nomenclature communale sera nécessaire, qui pose des problèmes spécifiques. L’Etat général des départements, districts, cantons et communes de la République française, publié en l’an II au nom du ministère de l’Intérieur (Voir Arch. Nat. : M 670-671 ou BnF : Fol L8 39, microfiche, imprimés dont le brouillon se trouve lui-même en Arch. nat. : F2, administration départementale, registres F2 I 3* et 4*.), représentait un simple essai de nomenclature officielle, ce dont les éditeurs prévenaient d’ailleurs dès l’abord, mais ce document n’a pas été remplacé : les tableaux manuscrits remontés des districts et auxquels mes tableaux permettent d’accéder donnent des états (éventuellement successifs) de cette précieuse nomenclature communale inégalement exploitée. Pour accéder à d’autres sources compatibles sur les rattachements administratifs et les chiffres de population, on peut désormais utiliser, à côté de dictionnaires topographiques et historiques plus anciens, les volumes parus de la collection départementale Paroisses et communes de France, publiée par le CNRS. Ces volumes donnent plus ou moins systématiquement ces informations, y compris certains chiffres tirés parfois de tableaux du dénombrement de 1793-1795 et dont la critique interne mériterait d’être menée en rapport avec les biais que j’ai tenté de dégager dans ma thèse et essayé d’atténuer pour les résultats que je publie. Si le lecteur s’intéresse plus particulièrement à la participation aux votes révolutionnaires, dans le cadre procédural et selon la chronologie qui furent les leurs, je ne peux que renvoyer à notre ouvrage collectif Voter, élire pendant la Révolution française, 1789-1799, Guide pour la recherche. S’agissant ici des votes constituants de 1793 et 1795, mes tableaux constituent une voie d’accès commode aux résultats de présence, sinon de participation car cette notion même est en débat. Ces chiffres sont donnés ici pour information, tant les précieux procès-verbaux de ces assemblées primaires (sous série B II des Archives nationales) se révèlent incontournables pour envisager localement ces deux moments de l’histoire nationale. J’ai exploité un peu systématiquement ces documents dans la partie inédite de ma thèse, en reportant seulement quelques indications dans les tableaux présentés ici, mais chacun pourra consulter les procès-verbaux avec profit. Bonne chasse donc à tous et à toutes ! Serge ABERDAM (30 janvier 2012) Références principales « L’élargissement du droit de vote entre 1792 et 1795, au travers du dénombrement du comité de division de la Convention nationale et des votes populaires sur les Constitutions de 1793 et 1795 », 1200 p. de texte, 800 d’annexes et 122 figures ; thèse soutenue le 15 février 2001 à l’Université de Paris I – Sorbonne, UFR d’Histoire, devant un jury composé de Jean Boutier, Jean-Pierre Jessenne, Jean-Clément Martin (président), Anna-Maria Rao et Michel Vovelle (directeur de thèse). Consultable dans les principales bibliothèques universitaires sous forme papier ou microfiche. Des copies restent disponibles auprès des Presses universitaires du Septentrion, diffuseur de Thèses à la carte (Université de Lille III). Démographes et démocrates. L’œuvre du comité de division de la Convention nationale (é. o. 2004; rééd. 2012, 23 €). À commander ici. capture_d_e_cran_2016-03-02_a_15.11.36.png Voter, élire pendant la Révolution française, 1789-1799, Guide pour la recherche par S. Aberdam, S. Bianchi, R. Demeude, E. Ducoudray, B. Gainot, M. Genty, Cl. Wolikow), CTHS, seconde édition, 2006, 573 p., état des questions, textes normatifs, bibliographie et archivistique, index et lexique. [Épuisé] Les tableaux sont téléchargeables sous forme d’un fichier zip, les instructions de lecture sont contenues dans deux fichiers pdf.

Documents joints

Related Posts