Pendant longtemps, pour parler de la France, on invoquait son âme, son génie ou son esprit. Puis, à partir des années 1980, ces beaux mots ont été supplantés par l’identité : « identité de la France », « identité nationale », mais aussi « identité républicaine de la France » selon Jean-Pierre Chevènement, qui voyait dans la République une étape obligée vers le socialisme. Après avoir retracé l’histoire de cette expression, Jacqueline Lalouette analyse la teneur de l’identité républicaine, fondée sur la mémoire des Lumières et de la Révolution française, régulièrement réactivée. Or, dans le contexte actuel de « démocratie représentative fatiguée », deux des grands principes républicains, l’indivisibilité et la laïcité, en théorie garants de l’unité de la nation, font naître des tentations séparatistes, que la loi du 24 août 2021 a entendu combattre. L’historienne invite dès lors à prendre du recul, à méditer sur le rapport, parfois méfiant, des Français à leur République et sur la nécessité de revenir à l’intérêt général.
Jacqueline Lalouette est professeur émérite (Université de Lille) et membre senior honoraire de l’Institut universitaire de France. Spécialiste de la Libre Pensée, de l’anticléricalisme et de la séparation des Églises et de l’État, elle s’est également intéressée à l’histoire de la Belle Époque, aux fêtes légales, à la biographie de quelques hommes politiques (Jaurès notamment) et se consacre aussi désormais à la statuaire publique en France.