Au fil des recompositions politiques, nombre de Conventionnels ont connu l’exil politique, qu’il soit intérieur (discrétion et effacement de la scène publique étant gages de survie) ou ait conduit à émigrer. Le mouvement le plus massif est provoqué par la loi d’amnistie du 12 janvier 1816, par laquelle Louis XVIII protège « tous ceux qui, directement ou indirectement, ont pris part à la rébellion et l’usurpation de Napoléon Bonaparte, sauf les exceptions ci-après. ». Parmi ces dernières figurent les représentants du peuple favorables à la peine de mort contre Louis XVI et ralliés aux Cent Jours. Ils sont tenus de quitter la France avant un délai d’un mois, perdant au passage leurs droits et biens. Plus de 80% des Conventionnels encore vivants en sont frappés, au nom d’un « crime » jugé inexpiable.
Cent soixante-dix anciens représentants du peuple sont jetés sur les routes, bien que la loi qui les contraint soit appliquée avec un degré de précision variable. Prenant en compte les émigrations successives des Conventionnels, le présent ouvrage, fruit d’un colloque symboliquement tenu à Bruxelles en 2016, propose des réflexions sur les itinéraires des proscrits, leur vie en exil, mais aussi la mémoire et les Mémoires de ce temps passé loin de Paris, voire au-delà des frontières, pour certains jusqu’à la mort, ou jusqu’à ce qu’une nouvelle révolution, en 1830, leur apporte la possibilité d’un retour en France.
Sommaire
Introduction par M. BIARD, Ph. BOURDIN, H. LEUWERS
Partie 1. Bruxelles, capitale de l’exil?
Bettina FREDERKING – Qu’est-ce qu’un « Conventionnel « régicide »? La construction d’une catégorie dans la presse catholique sous la Restauration
Maïté BOUYSSY – Barère, exilé exemplaire
Wim LEMMENS. Amor patriae. Immortaliser les fléaux de France: Jacques-Louis David à Bruxelles
Bernard DANDOIS – Filippo Buonarroti et les Conventionnels en exil à Bruxelles
François ANTOINE – Les liens entrel les spéculatioins sur les biens nationaux en Belgique et les Conventionnels exilés
Partie 2. Itinéraires d’exil
Philippe BOURDIN. Jacques-Antoine Dulaure, de la Gironde à la Suisse
Gonzague ESINOSSA-DASSONNEVILLE – Pierre-Anselme Garrau, l’ermite d’outre-rhin
Hervé LEUWERS – La fierté d’être « martyr » (1815-1830). La gloire de l’exil selon l’ancien Conventionnel Merlin de Douai
Gaïd ANDRO – L’itinéraire de l’exil: entre dépolitisation et implicite révolutionnaire. Le Conventionnel Joseph Le Maillaud de Locminé à Alost
Karine RANCE – « Ils nous parlent de regrets »: Marc-antoine Baudot en exil et l’affrontement de deux visions du monde
Jacqueline LALOUETTE – Le premier exil de Carnot : entre incertitudes et ignorances
Nicola TODOROV – Carnot à Magdebourg
Partie 3. Exils intérieurs, exils en famille
Anne JOLLET – « Est-ce être exilé que de demeurer? Où commence, où finit l’exil? »
Côme SIMIEN – Les trois montagnes du Conventionnel Gaston : à propos de l’exil intérieur des anciens députes de la Révolution
Mette HARDER – Survivre en milleu hostile? Les relations entre les députés exilés en Guyane, an III-VIII
Partie 4. Mémoires de l’exil
Jean-Paul ROTHIOT – Le contexte de la loi du 12 janvier 1816 et son application
Jean-Paul ROTHIOT – L’exil interrompu des régicides, « rappelés » en 1818
Michel BIARD – Tourne, tourne, la « Lanterne magique de 1793 »